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Présidentielle et décroissance

Si la notion de décroissance est quasiment absente de la campagne pour la présidentielle (le seul candidat qui s’en réclamait ouvertement, Yves Cochet, ayant été écarté par les Verts), certaines mesures s’en approchent. La rédaction de la Décroissance a passé au crible les programmes de neuf candidat-e-s.

DÉCROISSANCE : ENCORE UN EFFORT, CAMARADES !

Ne cherchez pas le candidat de la décroissance à la présidentielle 2007. Il n’y en a pas. En dépit d’une offre abondante de douze postulants (contre seize en 2002, là au moins il y a eu décroissance !) dont sept de gauche, aucun d’entre eux ne rompt radicalement avec l’idéologie de la croissance. Malgré tout, en cherchant bien, la rédaction de la Décroissance a trouvé dans le programme de certains et certaines quelques raisons de croire que des jalons sont posés.

Trois candidats n’apparaissent pas dans la double page consacrée à l’analyse des programmes. Le chasseur-pêcheur-naturaliste-traditionnel Frédéric Nihous, le vicomte de Villiers et le « candidats de maires » Gérard Schivardi. Sur les neuf restants, le moins décroissant est Jean-Marie Le Pen, suivi de près par Nicolas Sarkozy et son « travailler plus pour gagner plus », concept au moins aussi brillant dans un pays comptant 5 millions de chômeurs et précaires que « l’Etat est trop endetté, les ménages français pas assez ». Si François Bayrou veut rendre la presse indépendante (une préoccupation récente chez lui), il est favorable au développement des biocarburants pour pallier à la crise énergétique, qui selon lui, nécessitera « encore plus de croissance et de progrès technique pour construire cette nouvelle façon de vivre ensemble ».

A gauche, hélas, ce n’est pas beaucoup plus brillant. Arlette Laguiller voit dans la limitation de la production « une vieillerie réactionnaire ». Marie-George Buffet et le PCF défendent toujours le « nucléaire propre, sécurisé et durable ». Propre et sécurisé, il est permis d’en douter, mais durable, c’est certain. Un peu trop durable, même. Ségolène Royal, qui a promis de relancer la croissance, a reculé sur sa remise en cause du nucléaire. Les violentes attaques contre elles venues de Claude Allègre montrent toutefois qu’elle inquiète les tenants à gauche de la technoscience.

Il reste donc Voynet, Bové et Besancenot. Du côté des Verts, qui ont failli présenter avec Yves Cochet un candidat « décroissant », Dominique Voynet préfère ne pas choisir entre Hulot et écologie politique, contre-pouvoir et alliance avec le PS, modèle de société alternatif et traité constitutionnel européen. C’est aussi pour cela que sa campagne est parfaitement inaudible. José Bové, lui, pourrait être le candidat de la décroissance s’il ne représentait pas d’abord les collectifs antilibéraux dont le moins qu’on puisse dire est que la critique de la croissance économique n’est pas leur priorité.

Olivier Besancenot est donc le candidat le plus proche du mouvement pour la décroissance, avec une dizaine de mesures qui vont dans le bon sens (réduction massive du temps de travail, réquisition des logements vides, interdiction des OGM et des transports routiers de longue distance...). Même si la LCR pourrait aller plus loin dans sa critique de la société de consommation et pourrait remettre en cause la fameuse « valeur travail » dont on nous rebat les oreilles.