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Glasgow contre Glasgow, un choc visuel et politique

Le journaliste Julien Brygo a réalisé, quatre ans après un reportage en Ecosse, un film photographique sur l’explosion des inégalités à Glasgow. Le résultat est d’une sobriété absolue et d’une efficacité glaçante.

Vingt-huit ans. C’est l’écart d’espérance de vie à la naissance pour un homme à Glasgow selon qu’il vit dans les quartiers ouest, celui des millionnaires (82 ans) ou dans les quartiers est, ravagés par l’abandon des programmes sociaux (54 ans). Parfois, dénoncer les méfaits du capitalisme, c’est simple. Encore faut-il un travail préalable minutieux de démontage du discours bien-pensant des huiles de la ville, réunies dans le Rotary Club pour discuter bonnes œuvres. Auteur d’une enquête publliée en 2010 dans le Monde diplomatique, intitulée « Vivre riche dans une ville de pauvres », Julien Brygo nous offre là un travail remarquable de mise en images et en son.

Toute la violence sociale d’une société explosée entre ultrariches et sous-prolétariat ressort dans les discours d’un cynisme à l’épreuve des balles de l’aristocratie écossaise, pour qui la différence d’espérance de vie est due, tenez-vous bien, à une alimentation déséquilibrée. Les baraques de fish and chips plutôt que la lutte des classes. Il fallait y penser.

On aurait tort de croire que Glasgow est un cas isolé. Ce qui se passe là-bas, en Ecosse, dans cette ville où la mortalité des pauvres est l’équivalente d’un temps de guerre, c’est un avant-goût de ce qui nous attend si rien ne change. Ce n’est rien d’autre qu’une tiersmondisation accélérée au nom du désengagement de l’Etat et de l’assèchement des dépenses publiques.

 

Glasgow contre Glasgow from Julien Brygo on Vimeo.