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fff.fr, l’esprit d’entreprise en ligne

Pas de caddie ni de promo du jour sur le site de la Fédération française de football (FFF), mais c’est à peu près la seule différence immédiate avec un site de vente en ligne. Deux énormes bandeaux animés, un horizontal en haut de page, l’autre sur la colonne de droite, accaparent la vue pour vanter les mérites de l’équipementier de la sélection nationale... Une vidéo se déclenche toute seule, au cas où on aurait man- qué celle diffusée à la mi-temps des retransmissions télévisées.

En fait, la pub est partout : elle apparaît sur les multiples photos des Bleus à l’entraînement, sur les tenues que les « partenaires » de la fédération ont colonisées, alors que les maillots des sélections nationales sont les derniers à ne pas porter de sponsor. Même les informations concernant le foot amateur, qu’on pourrait penser à l’abri de ces contingences matérielles, n’y échappent pas. Ainsi, la finale de la Coupe nationale des benjamins à Capbreton porte le nom d’une chaîne de supermarchés, la même qu’on retrouve sur les tenues d’entraînement des Bleus. La boucle est bouclée.

Grâce à sa culture d’entreprise, la FFF donne aussi des informations sur l’équipe de France à jet continu, surtout en période de Coupe du monde. On apprend ainsi, comme un compte rendu de classe de découverte, que les internationaux ont fait du VTT dans le parc ou que Lilian Thuram, Raymond Domenech et Patrick Vieira sont montés dans un monospace noir (dont la marque est visible sur la portière) afin de participer à l’émission dominicale Téléfoot. On voit également les deux spécialistes vidéo préparer un montage, ordinateur portable sur les genoux (on ne distingue pas la marque de l’appareil). Et, même s’il est très pauvre en interactivité (aucun forum), le site permet aux supporters d’envoyer un message d’encourgement à Djibril Cissé (à qui ça fait une belle jambe).

Comme à la FFF, on est moderne, il y a aussi des vidéos. Pas des extraits de matchs (faute de droits), mais des interviews à haute valeur ajoutée, dans lesquelles les joueurs affirment, comme Éric Abidal, qu’ils ne sont « pas là pour s’amuser, que la pression monte, que ça va se jouer sur des détails, qu’il va falloir gagner les matchs ». Sans blague ! On pourrait s’attendre à un discours plus riche de la part du sélectionneur, mais basta ! : « Il fait beau, tout va bien... Quand je fais des choix, je n’hésite pas... C’est un match, il faudra le gagner, pour que ça soit ce qu’on attend... » Le tout est offert par un opérateur de téléphonie mobile.

Le site de la FFF sert-il vraiment à quelque chose ? Disons qu’il vaut surtout pour la richesse de sa base de données match par match et joueur par joueur, un trésor pour les statisticiens amateurs. On se prend à rêver d’une photothèque en ligne et d’anciens matchs à télécharger. Ou d’analyses d’après-matchs pointues. Quitte à ce qu’elles soient offertes par un fabricant de couteaux.