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Un roman, un Dico : différences et similitudes

Onze mois après 12 juillet, le Dico des Bleus vient de paraître. Ecrit à six mains, édité par Marabout, gros ouvrage documentaire, il n’a pas grand chose à voir avec le roman. Il y a pourtant quelques points communs.

Le hasard du travail d’écriture a voulu qu’au printemps 2016, à quelques jours d’intervalle, deux choses aussi dissemblables qu’un manuscrit de roman ébauché treize ans plus tôt et un projet de Dictionnaire attaqué à l’automne précédent attirent l’attention des éditeurs, Julien Bernard pour le premier et Benoît Bontout pour le second. On ne va pas refaire ici l’histoire de 12 juillet (publié en décembre 2016 chez Salto), et celle du Dico des Bleus (sorti le 8 novembre dernier chez Marabout) est largement documentée ici.

Mais une fois retombés la longue attente d’avant parution et le stress des derniers jours, j’ai eu envie de partager avec vous quelques réflexions sur les différences et les similitudes entre ces deux aventures éditoriales.

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La taille

14 cm x 21 et 216 pages pour 12 juillet, 18,5 cm x 25,6 et 448 pages pour le Dico des Bleus, les deux livres ne boxent pas dans la première catégorie. Même si bien entendu il est impossible de comparer le texte unique d’un roman et les quelques 1250 articles de taille variable (de trois lignes à quatre pages) d’un dictionnaire. Et que, c’est bien connu, ce n’est pas la taille qui compte.

Le rouge

C’est la couleur commune des deux couvertures, même si dans les deux cas, ce sont les éditeurs qui la choisissent. C’est une belle couleur, qui a eu tendance à disparaître dans la tenue de l’équipe de France (notamment en 2012) ou qui est confinée... aux chaussettes. C’est pourtant avec une bande horizontale rouge sur le torse que les Bleus ont été champions d’Europe en 1984 et en 2000, et ont gagné la Coupe du monde 1998.

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Le prix

18 euros pour l’un, 25 pour l’autre. Le roman est à un tarif tout à fait abordable, le Dico se situe à la lisière de la catégorie beaux livres, de ceux qu’on offre à Noël, par exemple ;-) Sachez toutefois que l’auteur — qui touche la plus petite part en pourcentage (hormis la TVA) de la chaîne du livre sur le prix de vente — n’a pas son mot à dire sur ce montant. Et que pour le Dico, comme il y a trois auteurs, les droits sont partagés en trois parts égales...

L’éditeur

Salto est une toute jeune maison d’édition familiale créée en 2015 et qui s’est positionnée sur le créneau de la littérature sportive [1]. Elle compte une quinzaine de titres à son catalogue, dont Fausses pelles de Benoît Decock, nominé au Goncourt de la nouvelle au printemps dernier et pour le prix Sport-Scriptum cet automne.

Marabout, créée en 1949 en Belgique, a rejoint depuis le groupe Hachette, géant européen de l’édition, et développe depuis un an une collection de livres de sport [2] avec des ouvrages à la maquette très travaillée comme le dernier-né de la Boucherie Ovalie (rugby) ou des cyclistes fous de Dans la musette.

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Le temps de lecture

Un roman de 216 pages comme 12 juillet se lit en trois heures en moyenne, ou, si vous êtes du genre vorace, le temps que dure un match de foot (1h45, mi-temps comprise). Un dictionnaire comme le Dico ? Impossible à dire, car normalement un livre de ce genre ne se lit pas du début à la fin, mais un peu au hasard, ou pour faire une recherche. Il faut du temps pour en explorer toutes les richesses.

Le site-support

Consacré en priorité à l’écriture et la lecture, Imaginaires (le site que vous êtes en train de parcourir) est logiquement le complément de 12 juillet, auquel il réserve une rubrique entière. C’est là que vous trouvez des articles sur la génèse du roman et un agenda (colonne de droite) avec les dates des rencontres et des dédicaces.

Dédié exclusivement à l’équipe de France de football, Chroniques bleues (lancé à l’été 2010) est la base arrière du Dico, son alter ego statistique, avec l’avantage d’être mis à jour après chaque match international, avec sa douzaine de tableaux thématiques et une vingtaine d’articles chaque mois. Si avec tout ça vous ne devenez pas incollable sur les Bleus, c’est à désespérer !

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Le temps d’écriture

12 juillet a été écrit en deux temps : à l’été 2003 pour sa version courte (une centaine de pages) qui en faisait une grosse nouvelle, puis à l’été 2016 pour sa version définitive avec une longueur doublée.

L’écriture du Dico s’est étalée sur dix-neuf mois environ, entre novembre 2015 et juin 2017, suivie d’une période de relecture jusqu’à la fin août de cette année.

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Roman solo, Dico trio

Mais la principale différence entre les deux, elle est là : 12 juillet est un travail éminemment personnel (mais pas autobiographique) alors que le Dico a été écrit à trois. Je n’en suis d’ailleurs pas l’initiateur, le mérite en revient à Matthieu Delahais, qui, comme Alain Dautel, a d’abord été un lecteur de Chroniques bleues puis un contributeur du site et un pourvoyeur d’idées de sujets.

Travailler à trois est une aventure épuisante (chaque article doit être lu, relu, corrigé, retravaillé avant d’être validé par les deux autres), énervante parfois (on n’est pas toujours d’accord, mais entre grandes personnes intelligentes et respectueuses, on finit par s’entendre) et absolument enrichissante. Comme dans un sport collectif, le jeu d’équipe est supérieur à la somme des talents individuels. Aucun de nous trois n’aurait pu faire le Dico tout seul, et à deux il aurait représenté une somme de travail probablement insurmontable.

Surtout, et c’est très important, travailler à trois est une école d’humilité : quand on a l’impression d’avoir pondu un article brillant, un des coauteurs va vous dire qu’il n’a pas tout compris, et l’autre va relever cinq répétitions et quatre fautes d’accord. Ça rend modeste. Et ça n’empêche pas, bien au contraire, d’être reconnaissant de l’aide apportée par les autres.

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