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Seul le silence

Cinquième roman de Roger Jon Ellory, mais premier traduit en français, A quiet belief in angels (Seul le silence en vf) raconte l’histoire de Joseph Vaughan, un vieil homme marqué par la découverte, enfant, du cadavre d’une petite fille assassinée. Beau roman, mais moins fort que Vendetta et les Anonymes.

Au pays des petites filles mortes

La publication des romans de Roger Jon Ellory en France est à l’initiative des éditions Sonatine. Mais l’ordre initial n’est pas respecté. Seul le silence, sorti en France en 2008, a été écrit par Ellory deux ans après Vendetta, sorti en 2009. A quiet belief in angels, version originale du titre, est ainsi le cinquième roman d’Ellory, et non le premier, et Vendetta (A quiet vendetta) est le troisième.

Peu importe, après tout. L’essentiel est le plaisir qu’on prend à lire le romancier britannique, et avec Seul le silence, on n’est pas déçu. L’action s’étire sur une trentaine d’années, de la fin des années trente à la fin des sixties, avec un épilogue contemporain. Le cadre en est essentiellement la Géorgie rurale, autour de Savannah, le Sud profond où l’ennemi n’est pas tant le Noir que l’étranger au sens large, qu’il vienne de la contrée voisine ou qu’il soit émigrant européen.

Et comme la guerre éclate sur le Vieux continent, il ne fait pas bon être Allemand à Augusta Falls, lorsque des cadavres de petites filles commencent à être découverts dans la nature, sauvagement démembrés... Le jeune Joseph Vaughan en trouvera un, et ce choc traumatique, ajouté à la mort prématurée de son père, le marquera à vie. Avec quelques enfants de son âge, il crée un groupe de surveillance, les Anges gardiens, chargé de protéger les petites filles du village. Mais que peut-on faire à quatorze ans face à un tueur en série ?

Comme ses deux autres romans, Ellory construit son récit sur le flash-back, la voix d’un Vaughan sexagénaire alternant avec celle du même adolescent et jeune adulte voyant disparaître brutalement des êtres chers et contraint à l’exil à New York. Le procédé est habile, mais il manque la tension narrative, le suspense dans le récit qui font la force de Vendetta et des Anonymes.

Seul le silence fait partie de ces romans à clé qui déroutent à la première lecture et qu’il peut être bénéfique de relire un peu plus tard en connaissant le dénouement, une peu comme Shutter Island de Dennis Lehane.