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La scène enchantée de Clarika

En tournée dans toute la France après la sortie de son quatrième album (Joker), Clarika a fait escale le 3 mai à Gardanne. L’occasion d’un spectacle d’une richesse visuelle exceptionnelle, au service d’une chanteuse qui sait tout faire. A découvrir sans faute si ce n’est pas déjà fait.

Jamais sans doute la scène du 3 Casino, à Gardanne, n’a été aussi bien mise en valeur. Fond de ciel étoilé, éclairage intimiste style feu de camp, ambiance rouge, rampes de spots aveuglantes, tout y passe, dans une palette aussi large que celle de Clarika.

La franco-hongroise qui partage sa vie avec un belge (le compositeur Jean-Jacques Nyssen) a beau avoir eu quarante ans en février dernier, ça ne se voit pas : sur scène, elle affiche une explosivité et un tempérament qu’on pourrait situer entre Björk et Lio, si tant est que des comparaisons soient pertinentes avec un pareil phénomène. Certains la comparent aux chanteuses vedettes de la nouvelle chanson française, comme Anaïs, Camille ou Jeanne Cherhal. Sauf que Clarika, ça fait quinze ans qu’elle a débuté. Depuis J’attendrai pas cent ans (1993), elle a sorti Ça s’peut pas (1996), La fille, tu sais en 2001 et Joker en 2005. Boudée par les plateaux télé, elle va à la rencontre de son public sur scène avec un bonheur évident.

« C’est un concert avec de jolies lumières, un vrai micro avec un fil et des vrais musiciens avec des vrais instruments », annonce-t-elle d’entrée. On pourrait ajouter aussi une vrai chanteuse, à la voix profonde et aérienne, moqueuse et rageuse, confidente et puissante. Elle joue volontiers avec son public, lui vante les vertus de son shampoing « au germe de blé et au baume de miel », cite Epicure et puis Lorie (positive attitude), jongle du rock lourd au minimalisme absolu, dédicace une chanson (Marco) à un étudiant français disparu en Colombie [1] et dynamite son tube T’es beau comme garçon à grands coups de Born to be alive, Purple rain ou Antisocial.

Avec ses deux guitaristes, Yann Lambotte et Bruno Le Roux (auxquels il faut ajouter le batteur, Nicolas Guijarro), Clarika crée sur scène des mini-chorégraphies travaillées au millimètre. Les deux lascars chantent , dansent, esquissent un strip-tease, allument un feu de camp, et bien sûr, jouent remarquablement bien. Un geste résume cette combinaison subtile de perfectionnisme et de grâce : à la fin de Ne me demande pas, Clarika semble littéralement éteindre les projecteurs d’un délicieux mouvement de la main en spirale terminé majeur dressé vers le ciel.

Conclusion : si vous ne la connaissez pas, prenez le temps d’écouter ses chansons. Quatre d’entre elles sont en ligne pour un mini-concert dans la chambre de sa fille Lorette. Et si sa tournée (prolongée au quatrième trimestre) passe par chez vous, n’hésitez pas !

[1Il s’agit de Marc Beltra. La chanson de Clarika est libre de droits et téléchargeable ici