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Coupe du monde : tenants contre organisateurs

En 2010, si les chances de l’Italie (tenant) sont faibles, et celles de l’organisateur (Afrique du Sud) quasi-nulles, il n’en a pas toujours été ainsi. Entre les champions sortants et les pays hôtes, les vainqueurs les plus fréquents ne sont pas ceux que l’ont croit.

Deux victoires pour les uns, six pour les autres : la balance entre tenants du titre et pays organisateurs penchent sans discussion pour les sélections jouant la coupe du monde à domicile. Est-ce à dire que les chances de l’Afrique du Sud sont supérieures à celles de l’Italie ? Sur les sept dernières éditions (depuis 1982), le pays organisateur l’a emporté une seule fois (France, 1998) et le tenant du titre aucune.

Examinons ce qu’il est advenu des tenants lors de l’édition suivante, en comparaison avec le parcours du pays organisateur. Rappelons tout d’abord que jusqu’en 2002, le champion du monde était qualifié d’office pour la prochaine phase finale.

En 1930, l’Uruguay, champion olympique en 1924 et 1928, remporte logiquement la coupe du monde qu’il organise.
Organisateur 1 - Tenant 0

En 1934, la deuxième coupe du monde se déroule en Italie, mais les Uruguayens boycottent l’épreuve et donc la Celeste ne peut défendre son titre. Poussée par la ferveur mussolienne et un arbitrage complaisant, l’Italie s’impose à la maison.
Organisateur 2 - Tenant 0

En 1938, les champions du monde italiens traversent la frontière pour battre la France, pays organisateur, en quarts de finale (3-1), puis le Brésil en demi (2-1) avant de vaincre la Hongrie en finale (4-2). C’est la première et la dernière fois qu’une équipe européenne gagne deux coupes du monde consécutives.
Organisateur 2 - Tenant 1

En 1950, tout a changé quand commence la quatrième coupe du monde au Brésil, archi-favori. Le double champion du monde italien n’a plus rien à voir avec son prédécesseur douze ans plus tôt, et une défaite initiale face à la Suède (2-3) scelle l’élimination au premier tour malgré une victoire inutile contre le Paraguay (2-0). L’Italie inaugure ainsi la liste des tenants battus d’entrée. Quant au Brésil, il perd une finale qu’il croyait gagnée d’avance contre l’Uruguay (1-2).
Organisateur 2 - Tenant 1

En 1954, le champion du monde uruguayen emmené par le grand Juan Schiaffino se déplace enfin en Europe pour défendre son titre en Suisse. Facile vainqueur de la Tchécoslovaquie (2-0) et de l’Ecosse (7-0) au premier tour, la Celeste sort l’Angleterre en quarts (4-2) et fait souffrir la grande Hongrie en demi (2-4 après prolongations). La Suisse tient son rang mais perd en quarts contre l’Autriche sur un score de tennis (5-7).
Organisateur 2 - Tenant 1

En 1958, l’Allemagne défend son titre jusqu’en quart de finale avant de s’effondrer brutalement face à la Suède en demi (1-3) et la France pour la troisième place (3-6). Pas mal, pour une équipe réputée pour sa défense ! La Suède réussit son tournoi en sortant l’Allemagne mais ne peut rien faire en finale contre le Brésil stratosphérique de Pelé (2-5).
Organisateur 2 - Tenant 1

En 1962, la blessure de Pelé lors du deuxième match au Chili inquiète, mais les Brésiliens sortent Amarildo, Vava et surtout Garrincha pour battre l’Angleterre en quarts (3-1) et le Chili en demi (4-2). Pour la première fois depuis 1938, le tenant est finaliste et s’impose face à la Tchécoslovaquie (3-1). On ne le sait pas encore, mais c’est la dernière fois qu’une sélection conserve son titre mondial. Le Chili, pour sa part, sort l’Italie en quarts à l’issue d’un match de catch (2-0) mais tombe en demi contre le Brésil.
Organisateur 2 - Tenant 2

En 1966, le Brésil est logiquement le grand favori, mais Pelé est une nouvelle fois découpé en morceaux au premier tour contre la Bulgarie (2-0) et le Portugal (1-3), et n’a pas participé à la lourde défaite contre la Hongrie renaissante ((1-3). L’élimination du Brésil au premier tour est une énorme surprise. L’Angleterre l’emporte sans vraiment convaincre, après un quart à scandale (déjà) contre l’Argentine et une demi victorieuse contre le Portugal, meilleure équipe du tournoi (2-1). Il faudra la prolongation et un but de Hurst accordé à tort pour vaincre l’Allemagne (4-2).
Organisateur 3 - Tenant 2

En 1970, l’Angleterre et l’Allemagne, champions du monde et finalistes, font partie des favoris, mais les seconds battent les premiers au cours d’une partie dantesque à Leon (Mexique) 3-2 après prolongations. Le Mexique s’incline en quarts contre l’Italie (1-4).
Organisateur 3 - Tenant 2

En 1974, le Brésil remet en jeu son troisième titre pour la première fois sans Pelé depuis 1958, et ça se voit. Après un triste premier tour (0-0 contre la Yougoslavie, 3-0 contre le Zaïre et 0-0 contre l’Ecosse), les hommes de Zagallo semblent se ressaisir au second tour contre la RDA (1-0) et l’Argentine (2-1), mais sombrent contre les Pays-Bas (0-2). L’Allemagne se fait peur au premier tour (0-1 contre la RDA) et tangue en finale contre les Pays-Bas mais finissent par l’emporter (2-1).
Organisateur 4 - Tenant 2

En 1978, les champions du monde allemands ne font pas mieux, privés de Franz Beckenbauer et Gerd Müller. Deux 0-0 contre la Pologne et la Tunisie inquiètent malgré une large victoire sur le Mexique (6-0). Le second tour confirme cette impression avec encore deux nuls contre l’Italie (0-0) et les Pays-Bas (2-2). Une défaite surprise face à l’Autriche (2-3) remettra la Mannschaft à sa place. L’Argentine, comme l’Allemagne en 1974 et l’Angleterre en 1966 l’emporte à domicile après un parcours délicat.
Organisateur 5 - Tenant 2

En 1982, l’Argentine renforcée par Diego Maradona est favorite mais chute d’entrée contre la Belgique (0-1). Le second tour la place dans un groupe irrespirable, avec l’Italie (1-2, Maradona matraqué impunément par Gentile) et le Brésil (1-3, Maradona expulsé). Quant à l’Espagne, son niveau médiocre lui permet tout juste de sortir du premier tour (malgré une défaite contre l’Irlande du Nord) avant de subir la loi de la RFA (1-2) et de buter contre l’Angleterre (0-0) au second tour.
Organisateur 5 - Tenant 2

En 1986, l’Italie vieillissante ne fait pas illusion longtemps. Dès les huitièmes de finale, elle tombe sur une équipe de France supérieure dans tous les domaines et s’incline logiquement (0-2). Le Mexique, à domicile, fait mieux et passe tout près d’une qualification en demi face à la RFA (0-0, tirs aux buts).
Organisateur 5 - Tenant 2

En 1990, personne ne donne cher d’une Argentine bien triste battue d’entrée par le Cameroun. Et pourtant, Maradona et Caniggia sortent le Brésil en huitièmes (1-0), la Yougoslavie (0-0) et l’Italie (1-1) aux tirs au but mais s’inclinent en finale contre l’Allemagne au terme d’une finale hideuse (0-1). L’Italie, très défensive, doit se contenter de la troisième place contre l’Angleterre (2-1).
Organisateur 5 - Tenant 2

En 1994, l’Allemagne tombe à la surprise générale face à la Bulgarie de Stoïchkov en quarts (1-2). Les Etats-Unis, pays organisateur, jouent crânement leur chance, sortent du premier tour et s’inclinent en huitièmes à dix minutes de la fin contre le Brésil, futur vainqueur (0-1).
Organisateur 5 - Tenant 2

En 1998, grande nouveauté puisque la finale oppose pour la première fois le tenant brésilien au pays organisateur français. Ces derniers ne sont pas favoris, mais après avoir sorti l’Italie (0-0, tirs au but) et la Croatie (2-1), ils baladent un Brésil à la dérive (3-0). C’est la dernière fois qu’un champion du monde est titré à domicile.
Organisateur 6 - Tenant 2

En 2002, la coupe du monde se termine très vite pour une équipe de France orpheline de Zidane et battue par le Sénégal (0-1) puis le Danemark (0-2). Pour la première fois, il y a deux pays organisateurs : le Japon sort en huitièmes face à la Turquie (0-1) alors que la Corée du Sud sort l’Italie (2-1) et l’Espagne (1-0) avant de tomber face à l’Allemagne (0-1).
Organisateur 6 - Tenant 2

Enfin, en 2006 le Brésil est donné archifavori, mais après un premier tour sans histoire et un huitième au score flatteur contre le Ghana (3-0), Ronaldinho et ses coéquipiers buttent sur un Zidane en état de grâce et une défense française inoxydable (0-1). L’Allemagne sort quant à elle l’Argentine en quarts (1-1, tirs au but) mais s’incline en demi et en prolongations contre l’Italie (0-2).
Organisateur 6 - Tenant 2