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Cinquante Gardannais pour l’Histoire

extrait du dossier 21 août 1944 : libres, enfin

De la caserne Miollis à Aix aux abords du lac de Constance, les commandos Courson ont poursuivi la guerre jusqu’au bout pour achever la libération de la France. Et ont vécu les mêmes instants d’allégresse que les Américains à Gardanne. Deux d’entre eux ne sont jamais revenus.

“A l’époque, on était animé par un idéal de liberté, alors on s’est engagé. On avait fait des stocks d’armes récupérés sur les Allemands, on s’en est servi pour s’équiper.” Arthur Manouelian portait le matricule 41, son ami Yvon Ollivier, le 37. Tous deux ont fait partie, après la libération de Gardanne, du bataillon FFI de Provence, que forme le chef d’escadron René Courson de la Villeneuve.
Le 7 septembre, cinquante Gardannais volontaires montent à bord d’un camion de l’usine d’alumine en direction de la caserne Miollis, à Aix. C’est ainsi que débute l’histoire des commandos Courson. Le 6 octobre, la période d’instruction d’un mois s’achève. Les commandos quittent Aix et rejoignent en train Hautoison, dans le Jura, où la première armée française du général de Lattre est stoppée faute de ravitaillement. “De là, continue Yvon Ollivier, on a formé un groupe à Cornimont en renfort des commandos d’Afrique, qui se faisaient secouer par les Allemands. Je me souviens qu’on dormait dans les usines de fil DMC, on en avait partout.” C’est là, le 25 octobre, que tombent deux Gardannais, Etienne Parisi et Fernand Pieratoni.
En novembre, c’est la bataille de la Haute Alsace, et la prise de Belfort après des combats de rues très violents. Yvon Ollivier et Arthur Manouelian sont blessés.

“J’étais leur premier soldat”
“A Valdois, se souvient Arthur Manouelian, les gens étaient cachés dans les caves. Quand ils sont sortis, ils m’ont rencontré. J’étais leur premier soldat, et depuis on est reçu à bras ouverts”. Après une période de stagnation en hiver, la progression reprend. A Cernay, encore des accrochages, des blessés et des morts. “On était encerclé dans la forêt. On y est allé, récemment, les trous d’obus se voyaient encore”. Colmar est libéré le 2 février, l’Alsace redevient française le 7.
En mars, les commandos s’entraînent sur le Doubs. Ils préparent en fait le passage du Rhin, qui se fera le 23 avril à Neubrisach. “On a traversé le Rhin en barque, on était chez eux, c’était nous les occupants. Drôle d’impression, quand même”. “On a appris l’armistice le 8 mai au matin, c’était 9 ou 10h et on était au Tyrol. On s’est arrêté là.” Reste alors à occuper le lac de Constance pendant quelques semaines, puis c’est le retour à la vie civile pour les uns, comme Arthur Manouelian, ou militaire, comme Yvon Ollivier, qui continuera sa formation à Bordeaux, à Pau et à Montlouis, signera pour partir en Indochine mais sera libéré après un mois et demi de permission. “Je n’ai pas compris. Du coup, j’ai arrêté l’armée”. Pour lui comme pour les autres, le libération de l’Est de la France restera son plus grand souvenir.

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