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12 juillet : Et un, et deux, et trois héros !

France-Brésil 1998 a engendré trois héros côté Bleus avec Zidane, Petit et Barthez. Dans mon roman 12 juillet, ils sont également trois, Louise, Giovanni et Fred. Pas vraiment des héros, pas plus que vous et moi. C’est ce qui les rend proches et attachants.

Ils sont nés entre 1966 et 1968 et appartiennent donc à la génération X, arrivée juste après les baby-boomers d’après-guerre. Ils ont grandi dans les années 70, celles des pattes d’eph, des vestes à carreaux et des cols roulés en polyester. Leur héros s’appellent Blueberry et Rahan, Gai-Luron et Gaston Lagaffe, Terry Gilliam et Paul Auster, Milo Manara et U2. Deux ans avant l’an 2000, ils abordent la trentaine avec plus de questions que de réponses, oscillant entre envies d’ailleurs, idées noires et projets bleu layette. Louise, son compagnon Fred et leur ami Giovanni passent le deuxième dimanche de juillet dans une maison de campagne sous la pinède provençale.

Alors que la grosse chaleur de l’après-midi se fait plus supportable dès que le soleil descend derrière la colline, ils branchent une petite télévision sur la terrasse et s’apprêtent à suivre un match de foot. Mais pas n’importe lequel : le plus important de l’histoire de l’équipe de France, celui qui peut rendre les Bleus champions du monde. Pour ça, il faut d’abord battre le Brésil de Ronaldo (le vrai, pas l’épilé fraudeur fiscal) et retrouver un minimum d’efficacité offensive.

Il est 20h45. Le journal télévisé vient de se terminer [1], la pression monte et le temps semble ralentir jusqu’à distinguer chaque battement de cœur. Pendant près de deux heures, nos trois personnages vont être à la fois spectateurs (et commentateurs) d’un événement qui marquera l’époque, acteurs d’un moment décisif de leur vie et narrateurs de leur propre histoire.

Giovanni ne se remet pas de sa récente rupture avec Erika, Louise voit se déliter sa liaison de quatre ans avec Fred, lequel revient sans cesse sur le gouffre de neuf jours qui a coupé sa vie en deux. Le temps est un fluide qui se dilate et se contracte à l’infini, à la fois palpable et insaisissable. Comme vingt millions de Français, ils vont suivre chaque minute du match avec passion, angoisse ou détachement, jusqu’au moment où...

[1Vous pouvez revoir celui de France 2 ici.