Le bruit du temps qui passe, selon Sylvain Tesson

Après six mois passés seul dans une cabane isolée en Sibérie, l’écrivain explorateur Sylvain Tesson raconte son expérience tous les samedis sur France Info (chronique Les aventuriers, de Régis Picart). Dans l’émission du 13 août, il a dit ceci, que j’ai trouvé très juste, sur l’écoulement du temps :

« Quand j’étais dans cette cabane, je ne m’ennuyais pas, mais je sentais que le temps me traversait, avec beaucoup d’épaisseur, beaucoup de calme, beaucoup de paix. Le temps était une espèce de lumière. De temps en temps, je m’ennuyais très légèrement, mais l’ennui était comme le bruit que faisait le temps en passant.

De temps en temps, j’oubliais complètement qu’il y aurait un demain, j’oubliais complètement qu’il y avait eu un hier, et j’habitais profondément l’instant. […] La grande leçon, c’est que tout à coup, il faut avoir la politesse de laisser passer le temps. »